Mon voyage en Colombie, dans les régions de Santander et de Tolima

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Mon voyage en Colombie, dans les régions de Santander et de Tolima

Marion CAZAUX | 2023-08-25

Du 28 mai au 5 juin 2023, je suis partie en Colombie avec plusieurs torréfacteurs : Arthur et Guillaume de l’Alchimiste à Bordeaux, Fabrice et Jean-Michel du Caféier à Cholet, et Géraldine et Mélanie de Couleur Café à Castres.

Nous sommes allés à la rencontre de nos partenaires producteurs en Colombie : Oscar Daza de La Pradera, Laura Enciso de La Leona et toute la communauté indigène Nasa, par le biais des associations Asocanafi et Ascip.

Chez Oscar Daza, La Pradera

Le lendemain de notre arrivée à Bogota, nous sommes allés dans la région de Santander. Chez Oscar, à La Pradera, nous avons découvert une immense ferme familiale de 200 hectares, alors que la plupart des producteurs du pays cultive seulement 3 ou 4 hectares.

J'appréhendais de voir un modèle intensif en raison de la taille de la ferme, mais Oscar est à l’opposé de ce modèle. Oscar est agronome, véritable “geek” des cultures caféières, des machines de production et des variétés qu’il teste dans son jardin : geisha, tabi, pink bourbon, moka…

Son leitmotiv ? “Rien ne se perd, tout se transforme” ! Pas de gâchis chez Oscar, on est vraiment dans de l’économie circulaire. Les 200 hectares sont en agroforesterie. On parle donc de culture sous ombrage, de systèmes d’irrigation et de retraitement, et du biofertilisant (Biochar) qu’il produit lui-même.

Un des enjeux de la filière se matérialise dès cette 1ʳᵉ visite, c'est l’enjeu climatique. Oscar l’anticipe en conservant le mode de culture déjà en place. Après les fortes pluies qui ont touché la Colombie, un phénomène opposé de sécheresse « El Niño » est attendu pour une durée indéterminée en cette fin d’année. Et l’agroforesterie semble bien être un rempart aux évènements comme celui-ci !

Nous avons également appris comment il innove pour rendre le travail moins pénible pour les cueilleurs. Notamment  par l'utilisation d'un tapis sous les arbres, pour la récolte du café. 

Oscar s'efforce d'être respectueux de l'environnement, mais aussi de toutes les personnes avec lesquelles il travaille. Ce qui a particulièrement retenu mon attention.

En Colombie, pour imaginer le travail des cueilleurs, il faut s’imaginer porter des sacs de cerises de 50 kg, de la plantation au centre de récolte, avec des dénivelés de plusieurs centaines de mètres. Tout y est manuel.

Un des meilleurs moments de ces 3 premiers jours : le cupping.  Nous avons eu l'occasion de déguster la variété moka en process lavé. C'est difficile à décrire. Ce n'est pas tout à fait comme un geisha. Au niveau des arômes, c'était vraiment perturbant. Dès la première gorgée, l'attaque était très vive en bouche.

Ensuite, c'était une explosion de flaveurs complexes. Des caractéristiques étonnantes, des notes que je n'avais jamais expérimentées auparavant. Imaginez un voyage gustatif qui démarre avec de la menthe, évolue vers la frangipane, la réglisse et se termine sur une note de vanille.

Cette visite chez Oscar Daza a été une très belle entrée en matière. Le discours prend tout son sens, avec un producteur innovant, sensible à sa contribution pour la protection de l'environnement.

À la rencontre de Laura Enciso, La Leona

La situation géographique est différente à La Leona. L'altitude y est bien plus élevée que dans la région de Santander. Pour s’y rendre, il faut dix heures de voiture sur des routes chaotiques. Mais, avec des paysages incroyables tout au long du trajet.

Au bout de cette longue route, on découvre la ville de Gaitana. C'est là où nous avons séjourné, à l’hôtel de la Finca La Leona, durant 2 jours.

La Leona c’est un autre modèle de ferme. De taille moyenne, il y a 25 hectares consacrés au café et le reste pour la production de fruits et de miel. Un vrai modèle de polyculture.  

Laura Enciso a repris les rênes de la ferme familiale en 2019, à la suite du décès de son grand frère.

Il y a peu de femmes productrices en Colombie, Laura et son père entament cette transition auprès de leurs salariés pour qu’elle puisse diriger la ferme à 100 %.

Arthur avait déjà remarqué le potentiel incroyable de cette ferme. Il avait choisi de s’engager auprès de Laura dans un projet de reboisement, et de transition vers l’agriculture biologique. C’est donc avec beaucoup d’émotion que Laura a pu remercier Arthur, pour son soutien.

ASOCANAFI & ASCIP, la communauté Nasa WE'SX sur les terroirs de Planadas et de Gaitania

Le point culminant de notre voyage fut la rencontre avec les indigènes Nasa. Cette communauté a une histoire fascinante.

Imaginez ! Vous arrivez dans un village perdu dans les hautes montagnes de Colombie, avec des enfants qui courent partout et vous accueillent avec un grand sourire. Puis, le chef de la communauté vous le confie, c’est la 1ʳᵉ fois qu’ils reçoivent autant de personnes et qu’ils préparent votre arrivée depuis plusieurs semaines.

Vous voyez un petit coffee shop avec des producteurs à la fois producteurs et baristas, qui préparent la Chemex de votre vie. Tout paraît merveilleux, le café, le repas, les gens. Quelle chance !

La communauté est grande, environ 600 familles qui travaillent en coopération, sans hiérarchie et en partageant les revenus équitablement.

Ce qui m'a particulièrement marqué, c'est leur lien avec le passé, notamment leur histoire liée aux FARC et aux conflits armés. La région a été durement touchée, mais ils ont réussi à s'en sortir et se reconstruire grâce au café. L'histoire de cette communauté est véritablement captivante.

Au-delà de l’histoire, l'environnement qui les entoure est tout simplement extraordinaire. La beauté naturelle est à couper le souffle. Loin de la vie citadine, ils vivent en autarcie dans les montagnes, ont leur propre écosystème, leurs propres lois.

Et, pourtant, ils descendent 7 conteneurs de café chaque année. 1 tonne après l'autre, en voiture, car les camions ne peuvent pas monter jusqu’à eux. 

Chaque producteur possède de 2 à 4 hectares environ. Ces terroirs sont des terres protégées pour ces peuples natifs. On peut compter plus de 6 000 arbres par hectare. Ils sont les gardiens de l'une des plus grandes réserves naturelles de Colombie.

Cette terre et leurs croyances, prendre soin de la Terre Mère, en font les meilleurs alliés pour produire l'un des cafés les plus délicieux de Colombie avec des pratiques d'agriculture biologique. Ils sont associés à plusieurs organisations de producteurs de café, pour promouvoir la culture de leur café, assurer des revenus pour leur famille et renforcer leur communauté.

Ce que je retiens de mon voyage 

Ce voyage m'a rapproché de l’origine du café et de ces différents acteurs. Il est important de vivre l’expérience pour que le discours se matérialise et prenne tout son sens.

J'ai réalisé l'importance de ces voyages pour renforcer les liens entre les différents intervenants de la filière. Nous sommes plus que connectés, nous sommes interdépendants. Sans producteurs, pas de cafés. Sans torréfacteurs, pas de marché.

Il est impératif de prendre la mesure des enjeux de la filière, et donner envie aux futures générations de poursuivre l'aventure de la production de café. C’est aussi notre responsabilité !

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