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Café05 décembre 2023

Rencontre avec Rafael Marques, responsable du sourcing chez FAF Coffees

Rafael Marques travaille pour FAF Coffees depuis 2017. Il est responsable du sourcing dans la région d'Espírito Santo. La région a longtemps eu mauvaise réputation dans le café de spécialité, mais grâce au travail qu'il mène chaque jour au côté des producteurs avec le projet Lado a Lado, les choses changent, et la qualité du café aussi.

Bonjour Rafael, quelle est ton histoire avec le café ?

Je travaille pour FAF depuis 2017, mais mon histoire avec le café a commencé bien plus tôt. Je suis fils et petit-fils de producteurs. Le café, je l’ai découvert avec mon grand-père, dans la communauté de Sauã, qui appartient à la ville de Castelo. Il avait une petite ferme où il produisait du Conilon, une variété de Coffea Canephora.

J’ai appris à connaître le café Arabica en déménageant à Venda Nova, chez mon beau-père. Il avait une ferme avec  300 000 caféiers environ, où j'ai grandi et beaucoup appris.

Au milieu des années 2000, j'ai commencé à travailler comme bénévole pour une petite association qui souhaitait faire évoluer la production de café de spécialité dans notre région. J'y suis resté 12 ans, comme responsable qualité puis responsable des ventes.  En 2010, j'ai obtenu ma qualification de Q-grader.

Aujourd'hui, que fais-tu pour FAF, Fazenda Ambiental Fortaleza ?

Je suis le Directeur du sourcing de la région dans la région d'Espírito Santo et dans la Zona da Mata de Minas, où nous opérons dans plusieurs communautés, dont Alto Caparaó.

Je me concentre sur le sourcing et les relations avec les producteurs, pour leur apporter tout le savoir-faire de FAF sur la durabilité, les variétés adaptées à nos terroirs, les techniques de récolte, de post-récolte, le séchage. Le but, c’est de produire un café de meilleure qualité, et permettre aux producteurs d'avoir un meilleur niveau de vie.

Quelle place tient Espírito Santo dans la production de café au Brésil ?

Espírito Santo est un État du sud-est du Brésil dont les montagnes, qui produisent autant du café Arabica que du Conilon, sont très proches de la mer et reçoivent beaucoup d'humidité de l'océan Atlantique.

Ces caractéristiques, associées à la difficulté du séchage, ont fait que, jusqu'à la fin des années 1990 et au début des années 2000, l'État d'Espirito Santo était connu pour produire un café de très faible qualité.

On le sait, le Brésil est connu pour ses grandes étendues de culture intensive, plates et très mécanisées. Ici, la situation est différente. Les pentes des montagnes ressemblent à celles d'autres pays producteurs comme la Colombie. La mécanisation est impossible et la récolte se fait entièrement à la main.  

Au Brésil, c'est le processus naturel qui prédomine et, jusqu'à la fin des années 1990, tous les producteurs de notre région procédaient ainsi. Mais, en raison de l'humidité élevée et des pluies souvent abondantes pendant la période de récolte, le café fermentait trop, ce qui donnait des tasses très phénoliques.

C’est pour cela que vous avez travaillé le process de “pulped natural”, que l’on retrouve avec notre café Bobilon, un mélange de conilon et de catuai rouge ?

Avec une forte influence de l'humidité maritime et un climat moins stable que dans les autres régions, comme Minas et São Paulo, nous avons plus de difficultés à produire des cafés natures.

C’est pourquoi on a développé ce process, le “pulped natural”. Il y a une vingtaine d'années, nos précipitations étaient beaucoup plus élevées et les températures moyennes annuelles plus basses. Souvent, les cafés étaient déjà moisis sur l'arbre, ou alors le devenaient pendant le séchage. La solution a été de dépulper les cerises afin qu'elles ne moisissent plus durant le séchage.

Un projet a aussi changé la production de café dans la région, c’est Lado a Lado. Peux-tu m’en parler ?

L’idée de Lado a Lado, c’est de créer un grand réseau avec tous les acteurs de la chaîne. Dans le cadre de Lado a Lado, on a 30 producteurs de café qui dégustent leurs lots directement avec des torréfacteurs du monde entier. C’est pour ça que le projet s’appelle Lado a Lado, ça veut dire “côte à côté”, en français.

Nous avons transformé une camionnette en un laboratoire mobile qui peut parcourir jusqu'à 300 km pour rencontrer et servir les communautés et les producteurs qui n'ont pas accès aux marchés prêts à valoriser leur production.

L’idée, c’est d’inclure de nombreux producteurs qui se trouvent dans des régions où l'accès à la technologie, à l'information et au marché est limité. Ils doivent avoir la possibilité, comme les autres producteurs moins isolés, de comprendre comment produire un café de meilleure qualité, ou de découvrir qu'ils produisent déjà un café de qualité.

On est en contact direct avec les producteurs, on déguste leurs cafés et on échange pour améliorer la qualité. Cela a conduit à un engagement beaucoup plus important de l'ensemble de la communauté.

Comment cela change du modèle traditionnel ?

Dans le modèle traditionnel, les producteurs envoient des échantillons de leurs lots aux négociants, dans les labos, et attendent les résultats. Ce qui peut prendre des jours. Le projet Lado a Lado permet de transporter toute la structure du laboratoire directement chez le producteur, de lui montrer chaque étape du processus et, bien sûr, de déguster chaque tasse ensemble et de discuter des résultats sensoriels.

Avec l’équipe, on invite les producteurs à s'impliquer davantage dans le processus d'évaluation sensorielle de leurs lots pour leur donner une vision plus professionnelle. Les familles sélectionnent les échantillons produits et participent à la dégustation et à la notation, ce qui est tout à fait nouveau pour elles.

C’est une continuité du projet Bob-o-Link ?

e de Bob-O-Link, c’est d’apprendre à produire un café de qualité, plus durable. 

Ce projet permet de sensibiliser les producteurs de cafés pour qu'ils soient davantage responsables. On leur montre, entre autres, comment planter des arbres, arrêter le glyphosate et créer une couverture végétale pour conserver l’humidité et développer la biodiversité.

Et rien n’est plus efficace que de montrer la voie pour qu'ils plantent plus d'arbres dans leurs plantations de café. Cela permet de développer la biodiversité, d'apporter de l'ombre aux caféiers et de sortir de la monoculture intensive.

Tout ce processus est validé dans notre ferme modèle, Fazenda Ambiental Fortaleza afin de partager les pratiques qui fonctionnent réellement avec les producteurs.

Que préfères-tu dans ton job chez FAF ?

Sans aucun doute, ce sont les relations que nous créons avec les familles de producteurs. Elles génèrent des liens forts au-delà de l'entreprise et c’est la chose la plus importante à mes yeux. L'impact que nous laissons derrière nous, avec ces projets, est très gratifiant !

Rédaction: Stéphane

Responsable éditorial

Publié le 05/12/2023

| Mis à jour le 22/02/2024