Depuis avril, les principales régions productrices de café au Brésil sont frappées par une sécheresse sévère. Nous avons enregistré très peu de pluie : 10 mm le 26 mai, 15 mm le 15 août et seulement 2 mm le 18 septembre. Bien que la pluie commence enfin à tomber, la saison sèche a démarré un mois plus tôt que d'habitude, ce qui a accru le stress hydrique des plantations.

En parallèle, les températures n'ont cessé de grimper. Cette année, il n'a pas été rare de voir des températures avoisinant les 34°C, même en plein hiver. Cette chaleur intense augmente l'évapotranspiration, exerçant une pression supplémentaire sur les cultures. Certaines régions s'en sortent mieux que d'autres, mais les déficits en eau sont significatifs : -18 mm dans les montagnes de Mantiqueira, -190 mm à Varginha, et -300 mm dans la région la plus touchée, Alta Mogiana.

Même si la pluie revenait aujourd'hui et que toutes les conditions météorologiques étaient idéales d'ici 2025, nous estimons déjà une baisse de la récolte de 12 à 15 %. Cela représente une diminution de près de 8 millions de sacs de café pour la récolte de 2025. Dans la région d'Alta Mogiana, par exemple, qui produit environ 6 millions de sacs par an, les pertes seront drastiques. Avec environ 60 % des cultures non irriguées, nous prévoyons une réduction de 40 % de la production pour ces plantations, et même les cultures irriguées subiront une baisse d’environ 10 %.

La situation pourrait s'aggraver avec l'arrivée du phénomène climatique La Niña, qui entraîne généralement des conditions plus sèches dans nos régions. Les températures élevées et le manque de précipitations affecteront non seulement la quantité de café produit, mais également sa qualité. Il devient de plus en plus difficile d'obtenir des cafés de qualité supérieure dans les concours locaux et les dégustations que nous réalisons. Toutefois, il y a une lueur d'espoir : certaines de nos fermes partenaires, avec qui nous travaillons depuis plusieurs années, montrent des signes d'amélioration en termes de rendement et de qualité.

Face à cette crise, l'agriculture régénératrice s'avère être une réponse prometteuse. Sur notre ferme, malgré la jeunesse de certains systèmes (moins de six ans), les plantations sous ombrage se portent beaucoup mieux que les autres. L'effet des pratiques régénératives sur la résilience climatique est déjà visible, avec une meilleure rétention d'eau et une réduction du stress des plantes. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour l'avenir, même si nous devons continuer à ajuster nos pratiques.

La situation actuelle nécessite une réflexion profonde de la part de toute la chaîne de valeur du café. Ne pas agir serait un pari risqué pour l’avenir. Ensemble, grâce à la collaboration et à des pratiques durables, nous espérons surmonter ces défis et continuer à produire du café de qualité, malgré les conditions climatiques.

Meilleures salutations,
Felipe Croce (FAF)