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Café11 décembre 2023

Anfilloo : un terroir riche et ancien

Si on aime tant ce terroir, c'est bien sûr pour notre attachement à ses cafés et à ses producteurs, mais également pour le potentiel de ce véritable patrimoine de l'Humanité. Pour mieux comprendre l'importance d'Anfilloo, voici l'histoire du lieu de naissance de l'arabica.

Anfilloo, le lieu de naissance de l'arabica

Anfilloo fait partie de la forêt caféière de l’ouest et du sud-ouest éthiopien. Autrefois, cette forêt reliait les actuelles régions du Wallagga , d’Illubabor, de Jimma et du Kaffa en continuant vers le sud jusqu’à l’actuelle frontière avec le Soudan.

Cet ensemble est le lieu de naissance de l’arabica où, aujourd’hui encore, de nombreuses forêts sauvages existent. Les populations de ces régions ont une proximité ancienne avec la forêt ombrophile d’altitude et particulièrement avec le café qui occupe une place centrale au sein de cet ensemble.

La forêt caféière d’Anfilloo présente des aspects intéressants et une diversité d’unevgrande richesse concernant les altitudes, les sols, les microclimats. Enfin, elle est le lieu d’une histoire ancienne de la culture du café.

Waabaa : les pionniers de la culture du café à Anfilloo

L’histoire de la culture du café commence à Anfilloo il y a treize générations. En considérant qu’une génération correspond à trente ans cela nous donne une histoire vieille d’environ quatre cents ans.

Le fondateur de la caféiculture serait un certain Godii. Cet homme serait venu de l’actuel région de Jimma ou du Kaffa. Dans la tradition orale, il est réputé pour avoir la peau blanche ou claire.

Il serait tombé sur des caféiers sauvages dans la forêt de Waabaa. Il aurait alors décidé de se lancer dans la culture du café en prélevant des semences ou de petits arbres dans la forêt primaire.

Aujourd’hui encore, les habitants de Waabaa se réclament descendants de Godii. La question se pose quant à la destination de ce café : était-il consommé et échangé localement ? Était-il envoyé sur des routes commerçantes vers l’actuel Soudan ?

Le grand essor de la caféiculture fin 19ème début 20ème

Waabaa est au bord des hauts plateaux et plus bas, dans la vallée, la colonisation anglaise a bouleversé la culture du café à Anfilloo. L’arrivée des anglais généra une demande croissante en café et c’est à partir de ce moment que la caféiculture a commencé à se diffuser dans la région.

Les hommes ont commencé à se déplacer le long des voies de communication. À chaque fois, des habitants de Waabaa venaient s’installer pour cultiver du café. Ils se déplaçaient avec leurs semences et leur savoir-faire. Ainsi, ils se sont d’abord installés à proximité de Waabaa dans des localités comme Yeti et Shebel.

La troisième étape de ce développement se fera lors de la structuration de la filière après l’occupation italienne, à partir des années 40.

Après 1940 : la diffusion à tout le Woreda

Après l’occupation italienne, Hailé Selassié, roi d’Ethiopie, structure la filière afin de financer la construction d’un État Nation et renforcer la monarchie. À Anfilloo, les planteurs, pour la plupart originaires de Waabaa, commencent à migrer vers le nord en direction du Woreda (équivalent d'un canton ou district) de Gidaamii et vers l’ouest en direction de Dambi Dollo.

Le schéma est relativement simple et s’est répété à peu près partout : à mesure que le commerce de café se développait et que la population augmentait, les hommes se déplaçaient pour fonder de nouveaux villages sur le bord des routes ou des chemins. Ils migraient avec leur savoir-faire et leurs semences et commençaient la culture du café à proximité des habitations.

Ce fut, par exemple, le cas à Yarer, Kolli, Ennéché, Dulli. À mesure que les années passaient, les plantations s’enfonçaient dans la forêt et montaient en altitude, gagnant des zones plus éloignées et plus difficiles d’accès.

Cette expansion s’est accompagnée de la présence de collecteurs italiens ou grecques. Ces derniers, ayant une connaissance technique spécifique, étaient capables d’installer des stations de lavages.

Nous pouvons citer, en exemple, un certain Angelo à Garjeda qui avait installé un réseau d’alimentation en eau dans le village pour alimenter sa station de lavage. Aujourd’hui encore, les vestiges de ce réseau sont encore visibles le long des chemins. Les vieilles machines, nationalisées à la révolution, sont toujours là, témoignant d’un passé révolu.

De la révolution (1974) à aujourd’hui : quel avenir pour la forêt caféière à Anfilloo ?

Il y a eu une nouvelle phase de développement de la caféiculture à Anfilloo depuis la révolution et le régime du derg(1974-1991) jusqu’à aujourd’hui. Les fermiers ont continué à monter en altitude pour atteindre les sommets des versants et des altitudes de 2 400 m. Dans un contexte de réchauffement, on comprend la montée en altitude en considérant que l’on perd 0,6 °C tous les 100 m...

Dans le même mouvement, les fermiers se sont enfoncés davantage dans la forêt pour cultiver du café. Ils se sont installés sur des zones de réserves forestières et de ce fait ne possèdent pas la fameuse "carta", c'est-à-dire le droit d’usage de la terre, le foncier restant propriété de l’Etat.

Dans ce contexte, la reconnaissance des techniques agro-forestières sur le marché devient un enjeu important pour stabiliser cette paysannerie tout en encourageant une relative préservation de l’environnement.

La pression démographique doit pouvoir se faire dans le respect des forêts ombrophiles d’altitude avec le café comme élément central de cette démarche. La valorisation des cultures intercalaires comme le miel ou les épices sur le marché international pourrait aider aussi à préserver les forêts de la région.

La qualité est l’autre grand chantier à Anfilloo. Il est essentiel pour les fermiers de se positionner sur le marché des cafés de qualité. Tout l’enjeu sera celui de la qualité, tout en préservant les spécificités du terroir.