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Café23 January 2025

Une crise historique, mais un futur prometteur pour le café de spécialité

Un article pour éclairer la situation.

Comment expliquer la hausse du prix du café ? Comment réagir ? Quel avenir pour notre métier ?

Ces dernières semaines, le prix de l’arabica a atteint des sommets historiques, jamais égalés depuis plus de 45 ans.
Les causes de cette volatilité et de cette hausse restent inchangées depuis des mois, car elles sont structurelles. Elles perdurent depuis de nombreuses années sans que les acteurs de notre filière y prêtent réellement attention, pensant que la grande crise du café serait pour plus tard.
Trois causes majeures sont pourtant bien identifiées : le dérèglement climatique, l’exode rural des campagnes et l’explosion de la consommation mondiale.

Le dérèglement climatique : une cause majeure de volatilité

L’amplification du dérèglement climatique est la principale cause de cette volatilité. Depuis plusieurs années, la production caféière, et principalement celle de l’arabica, est de plus en plus impactée.
Nous observons une multiplication des tempêtes tropicales en Amérique centrale, une pluviométrie excessive dans certaines régions de Colombie, tandis que le Brésil connaît des sécheresses de plus en plus longues et intenses. Ces dérèglements réduisent les rendements et causent des dégâts sur les plantations auxquels les producteurs ne peuvent pas toujours faire face.

Cette situation engendre énormément d’incertitudes chez les producteurs, qui n’ont aucune visibilité sur leurs volumes futurs ni sur les revenus associés. Cela les pousse à prendre des décisions drastiques, avec des conséquences à long terme, comme la baisse de la production d’arabica. Les plus petits producteurs quittent leurs terres, espérant une vie meilleure en ville ou en migrant. D’autres, plus courageux ou moins chanceux, restent et diversifient leur production avec des cultures plus résilientes ou lucratives, comme la coca (source : FranceInfo).

Par ailleurs, la majorité des grands fermiers adoptent une approche pragmatique. Ils plantent du robusta à grande échelle, car sa génétique est plus résistante et ses rendements meilleurs, au détriment de l’arabica. Selon StoneX, le Brésil produirait 10 % d’arabica en moins (environ 40 millions de sacs) et 21 % de robusta en plus d’ici 2025/2026. Le pays pourrait même devenir le premier producteur mondial de robusta, devant le Vietnam, dans un avenir proche.

L’exode rural : un phénomène structurel

Depuis plus de 30 ans, l’exode rural affecte particulièrement les pays producteurs de café, sous l’effet de facteurs économiques, sociaux et, plus récemment, environnementaux. Ce phénomène a débuté avec la fin des Accords Internationaux du Café en 1989, qui garantissaient un prix stable pour les producteurs en régulant les volumes produits et exportés. Avec la fin de cet accord, les prix se sont effondrés et la volatilité des cours a vu le jour.

Cette situation a poussé de nombreux petits producteurs dans la pauvreté, les contraignant à abandonner la culture caféière ou, tout simplement, leurs terres. En parallèle, les villes sont devenues de plus en plus attractives, offrant davantage de services (santé, éducation, etc.) et des opportunités d’emploi mieux rémunérées. De plus, les pays dits « du Nord » (États-Unis, Canada, Europe) ont attiré une partie de cette main-d’œuvre pour pallier leurs propres pénuries dans les secteurs industriels et agricoles.

Ce dépeuplement des campagnes entraîne une pénurie de main-d’œuvre et empêche la transmission des fermes aux jeunes générations, qui tombent à l’abandon.

L’explosion de la consommation mondiale

La croissance continue de la demande constitue le dernier facteur. Cette hausse est étroitement liée à l’essor des classes moyennes dans de nombreux pays émergents. En Chine, par exemple, la consommation de café croît de 15 % par an (soit 7 fois plus vite que dans le reste du monde), avec une classe moyenne estimée à plus de 300 millions de personnes, soit l’équivalent de la population américaine.

Historiquement, les bons cafés étaient exportés tandis que les cafés de moindre qualité restaient pour la consommation locale. Cependant, cette dynamique change. Depuis plusieurs années, nous observons une montée en gamme de la consommation locale dans des pays comme le Brésil, l’Inde ou la Colombie.

Une amplification par des facteurs conjoncturels

Ces causes structurelles sont amplifiées par de nombreux facteurs conjoncturels : protectionnisme économique, faillite et fragilisation d’acteurs majeurs du commerce (Mercon, Volcafe, Cafés Bras, etc.), perturbation du trafic maritime, guerres, dévaluations monétaires, etc. Les marchés se basent sur ces éléments pour spéculer sur une pénurie de café à venir, ce qui entraîne une augmentation des cours.

Il est fort probable que, dans les jours, semaines ou mois à venir, les prix continuent de fluctuer fortement. Cette tension permanente, observée depuis près de quatre ans, déstabilise nos entreprises, perturbe nos relations commerciales et génère une grande incertitude. Cela peut également inciter certains acteurs à prendre des décisions à court terme, sapant des années d’efforts pour promouvoir la qualité et la traçabilité.

Un marché en mutation : des opportunités à saisir

Face à cette réalité, nous devons rester lucides et optimistes, car la filière du café de qualité a un avenir !

Tout d’abord, de nombreux producteurs refusent de baisser les bras et s’orientent vers des modèles de culture plus résilients, tels que l’agriculture régénérative ou l’agroforesterie. Felipe Croce, créateur et dirigeant de FAF, applique ces approches depuis 6 ans avec ses partenaires producteurs. Cette année, en pleine sécheresse, il a observé des écarts de rendement significatifs entre les parcelles cultivées en agriculture conventionnelle et celles en agriculture régénérative.

Ensuite, le marché du café de spécialité offre de nombreuses opportunités de croissance. En France, par exemple, il représente à peine 5 % du marché, et de nombreuses villes ne disposent pas encore de torréfactions artisanales. Aujourd’hui, on compte une torréfaction pour 68 000 habitants, contre une boulangerie pour 1 800 habitants ! Nous pouvons séduire de nouveaux consommateurs grâce à la qualité, la proximité et l’expérience.

Enfin, le développement exponentiel des coffee shops indépendants dans nos villes constitue une autre tendance de fond. En 2023, environ 2 150 établissements ont été référencés en France, dont 1 500 indépendants (source : Food Service Vision). Ces établissements s’approvisionnent auprès de torréfactions artisanales et offrent souvent une première expérience café à de nombreux consommateurs, qui se tournent ensuite plus facilement vers des torréfacteurs locaux.

Conclusion : jouer le match collectivement

Chez Belco, nous sommes convaincus que si nous abordons ces défis avec lucidité et que nous jouons cette partie collectivement, alors nous pourrons en sortir gagnants !

Sources :

https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/cocaine/la-production-de-cocaine-a-atteint-un-record-historique-en-colombie-en-2023_6847394.html

https://www.unhcr.org/africa/fr/actualites/stories/lexode-continu-en-amerique-centrale-fait-craindre-une-crise-de-refugies

https://www.france24.com/fr/20190123-etats-unis-amerique-centrale-honduras-guatemala-salvador-raisons-exil-migrants

https://www.mordorintelligence.com/fr/industry-reports/china-coffee-market

https://boulangerie.org/economie/

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Rédaction: Julien Cadet

Directeur des ventes europe

Publié le 25/03/2025