
Miguel, Miguel Ángel et Irene, dans leur ferme San Antonio, au Salvador
"Comment nous nous sommes débarrassés des pesticides" — MAV Coffee, El Salvador
MAV Coffee est une entreprise familiale, basée au Salvador. Le père, Miguel Ángel (MAV), et ses enfants Miguel et Irene, s'occupent entre autres de la ferme Valle de Oro, dont nous vous proposons le café. Accompagné de l'agronome Don Julio, ils ont régénéré la ferme et comptent bien en fait de même sur la ferme familiale, San Antonio.
Quelle est l'histoire de MAV avec le café ?
IRENE : Nous sommes une entreprise familiale. Mon frère Miguel et moi-même sommes la cinquième génération de producteurs de café, et c'est très important pour nous. Récemment, nous avons pris conscience que chaque génération a eu une empreinte très forte sur ce qu'est MAV aujourd'hui. Ces histoires, comme celle de notre famille qui exportait du café pour la famille royale hollandaise, et tout ce que nous avons entendu dans notre enfance, font tout ce que nous sommes aujourd'hui.
MAV : Mon arrière-grand-père a acheté la ferme de San Antonio vers 1895. À sa mort, mon grand-père, qui était banquier, a repris la ferme et a commencé à exporter du café. Entre-temps, il est devenu le premier président de la Banque centrale de San Salvador. Le café est devenu son activité secondaire, mais la ferme est restée. Ma mère a pris la relève et j'ai commencé à l'aider il y a une vingtaine d'années.
Mon frère et ma sœur voulaient vendre, mais je ne voulais pas. Je voulais préserver la ferme, la maison, le patrimoine et continuer à donner du travail aux gens qui nous entourent.
L'idée derrière MAV Coffee est de montrer que le café peut être durable d'un point de vue économique, social et environnemental. J'ai toujours pensé que le café pouvait être rentable si on le travaillait de la bonne manière. C'est pourquoi nous travaillons avec Don Julio de Lean Coffee Management, qui est un expert en matière de culture du café.
IRENE : Lorsque le moment est venu de faire la transition entre la troisième et la quatrième génération, vers 2005, la ferme n'était pas au mieux de sa forme. Il aurait été logique de vendre. Mais mon père croyait fermement qu'il avait une responsabilité sociale, non seulement envers les gens, mais aussi envers la nature. San Antonio est une finca qui traverse pratiquement toute la ville, et l'urbanisation du Salvador croît beaucoup trop rapidement.

MAV Coffee - La première génération de caféiculteurs
Quand avez-vous commencé Valle de Oro et La Pacaya, les deux autres fermes MAV ?
MIGUEL : C'était probablement vers 2010. À l'époque, nous visitions d'autres pays pour apprendre à déguster le café et à le préparer correctement. Lorsque nous avons commencé à entendre parler des geishas du Panama, nous avons décidé d'essayer.
Nous avons réussi à faire venir des geishas au Salvador, mais nous n'avions nulle part où les planter, sauf à San Antonio. Il nous a fallu quelques mois pour trouver un autre endroit, jusqu'à ce que nous trouvions la Finca La Pacaya. Les pacayas sont des palmiers. Nous les avons gardés et les avons utilisés pour faire de l'ombre. Seule une petite partie de la ferme est récoltée, car là-bas, nous avons des problèmes avec des gangs. Nous travaillons sur ce problème et espérons retrouver toute notre ferme le plus vite possible.
Valle de Oro est arrivée plus tard, lorsque nous avons rencontré Don Roberto, qui possédait une ferme extraordinaire, où tout était très bien organisé. En 2016, Don Roberto a voulu prendre sa retraite et laisser sa ferme entre de bonnes mains. Nous avons saisi cette occasion pour l'acheter, et elle est devenue Valle de Oro.

Cupping chez MAV Coffee, dans la ferme San Antonio
Quand et pourquoi avez-vous décidé d'en faire une ferme où la technologie est si importante ?
IRENE : Depuis le début, tout le monde ici à MAV comprend le pouvoir de la technologie. Si nous utilisons la technologie de la bonne manière, elle peut être appliquée et intégrée partout, pour le meilleur. Nous n'avons pas honte d'intégrer de nouvelles technologies, aussi folles qu'elles puissent paraître, comme les drones pour vérifier nos sols et nous assurer que nous prenons les bonnes décisions.
MIGUEL : Il s'agit de mettre la technologie au service de la nature. J'ai toujours aimé la technologie et Don Julio, notre agronome, est très ouvert d'esprit. Ce n'est pas pour rien que son entreprise s'appelle Lean Coffee Management. Ce qui ne veut pas dire que tout est fait à la machine. La récolte se fait toujours mieux à la main, par exemple.
Mais dès le début, nous avons voulu utiliser la technologie pour travailler plus efficacement. C'est très triste pour moi de voir les paysages que je connais depuis l'enfance, détruits pour construire des logements ou pour cultiver du maïs.
En arrivant au Salvador en avion, on voit clairement où finit le Guatemala et où commence le Salvador à cause de la déforestation. La couverture végétale du pays s'est considérablement réduite.
C'est la raison pour laquelle nous prenons la question si au sérieux, et la technologie nous aide à faire en sorte que tout fonctionne ensemble, la préservation et la production. Par exemple, à l'aide de drones, nous examinons les sols afin de détecter le besoin, en eau ou en nutriments.
Dans quelle mesure contribue-t-elle, par exemple, à la gestion des sols ?
MIGUEL : La technologie nous aide à gérer la quantité de travail nécessaire, là où il est nécessaire. C'est une réduction considérable des coûts. Et c'est aussi incroyable de voir la faune locale se développer. Don Julio et moi avons récemment découvert un type de légumineuse indigène à la région. Le fait qu'elle commence à réapparaître nous montre que nous sommes sur la bonne voie.
Laisser la végétation se développer naturellement et s'épanouir est formidable à observer. En général, les gens utilisent des herbicides parce qu'ils pensent que la végétation n'est pas bonne. Ils utilisent également des engrais, qui alimentent également la végétation. Cela n'a donc aucun sens.
La technologie nous aide à trouver un meilleur équilibre entre le café et la végétation. Et la végétation, c'est aussi ce que les insectes mangent. Pourquoi mangeraient-ils les caféiers s'ils ont ccès à ce qu'ils devraient manger naturellement ? Notre manière produire du café nous a permis de nous débarrasser des pesticides, et tout ça pour de meilleurs cafés, que ce soit en process lavé ou en process nature.

Miguel Angel (MAV), dans sa ferme San Antonio, en cours de régénération
S'agit-il d'une vision que MAV partage avec d'autres producteurs de la région ?
IRENE : Chaque fois que nous en parlons, nous expliquons comment cela nous a aidés à régénérer notre écosystème, comment cela nous a permis de réduire les pesticides à zéro et comment l'utilisation réduite des herbicides éloigne naturellement les insectes de nos caféiers.
Il est difficile de faire évoluer les mentalités. Mais le meilleur moyen d'y parvenir est de montrer l'exemple. Outre les avantages pour la terre et la ferme, il est très important de parler de l'impact social sur les travailleurs, qui s'éloignent ainsi des produits nocifs pour leur santé.
MIGUEL : Nous commençons à faire à San Antonio la même chose qu'à Valle de Oro. Nous avons testé le sol pour vérifier la quantité de pesticides qu'il contenait. Les résultats n'ont pas été à la hauteur de nos espérances. Mais je pense que c'est un très bon projet pour montrer aux gens et aux autres producteurs, pas seulement au Salvador, qu'il est possible de régénérer une ferme.
Entre le maintien de l'héritage et l'évolution de la production de café grâce à la technologie, de quoi êtes-vous le plus fier ?
IRENE : Amener des gens du monde entier à découvrir la Finca San Antonio, c'est un rêve qui devient réalité. C'est aussi voir Don Julio, mon père et mon frère interagir, écouter notre histoire et la voir continuer. Cela dépasse tout ce que j'aurais pu espérer.
MIGUEL : Nous avons régénéré Valle de Oro, et le fait de savoir que nous sommes sur la bonne voie pour récupérer les terres historiques et la ferme familiale de San Antonio me rend très fier.
MAV : Je suis fier que tout cela ne soit pas qu'une question d'argent. Il s'agit de préserver la nature, de préserver le patrimoine et de donner aux gens un endroit où travailler. Je suis également très fier de voir Irene et Miguel aussi motivés par les projets de MAV Coffee. Cette histoire n'a pas de prix !
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